Les lettres des enfants sont arrivées et à la joie de les traduire se mêle le chagrin engendré par les mots.

Il y a les dessins aussi qui en disent long.

Dns les courriers toujours ces remerciements polis, ces questions attentionnées et en filigrane des mots qui claquent, qui viennent dire l’insupportable.

Ces enfants qui depuis tout petits ont vécu la peur des tempêtes, du vent violent qui fait voler les toits en feuilles. Ces enfants élevés par leurs grand-parents, leurs arrières grands-parents si âgés et si faibles, dans une angoisse terrible du lendemain. Ces enfants dont le père tétraplégique est immobile sur une mauvaise paillasse, qui attendent leur mère qui ne reviendra pas. Ces enfants ont déjà vécu tant de drames.

Et dans leur courrier ils parlent, ils disent les morts, les crématoriums qui ne suivent plus la cadence de la grande faucheuse et puis la peur. Parce que pour un enfant à TAN THOI la Covid c’est l’inconnu, la menace, la maladie dont on ne guérit pas. Elle nous saute dessus si on sort de chez soi… jeunes ou vieux, elle va tuer.

Ils disent aussi la faim et l’admiration pour leur père qui va en cachette des autorités jeter le filet pour attraper du poisson. Ils disent aussi les journées passées à ramasser de l’herbe qu’ils feront bouillir pour manger le soir. Et leur petite sœur qui pleure car elle n’a plus de lait.

Mais les mots ne sont pas des plaintes, ne sont pas des colères. Ils racontent leur quotidien, comme ils ont dit avant la joie des fêtes de fin d’année à l’école, les jeux dans la cour, et les gâteaux de lune à la mi automne. 

Est-ce de la résilience ? Ou plutôt cette incroyable faculté d’adaptation, d’acceptation qui les habitent ?

Et moi, malgré les enseignements reçus par mes amis bouddhistes, je n’arrive pas à accepter. Je lis ces mots écrits à l’encre violette et je pleure. J’entends Giau mon filleul de 10 ans me dire «  j’ai faim j’ai si faim ».

Alors je sais que nous n’avons pas le choix que de continuer encore et encore à nous battre pour que ces enfants puissent survivre. Ils n ont rien demandé, ils sont nés là par hasard.

Nos chemins se sont croisés et nous ne pouvons pas tourner la tête et dire « on ne peut pas sauver tout le monde ». Cette phrase effroyable, utilisée comme alibi par ceux qui n’ouvrent pas leurs yeux.

Alors non, nous ne sauverons pas le monde mais nous pouvons continuer à aimer ces enfants, nous pouvons continuer à les aider à grandir, à se nourrir à se soigner. Les enfants vont recevoir pour la seconde fois 10 kilos de riz, des nouilles, du sucre des sauces et du glutamate grâce à vous.

Nous devons continuer et ne rien lâcher. Merci à toutes et à tous.

https://www.helloasso.com/associations/pousse-pousse/collectes/urgence-covid-a-tan-thoi-les-enfants-ont-faim


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